Hackathon Citizens of Wallonia: quelques projets qui bousculent

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Publié par Brigitte Doucet, Régional IT – 20 mars 2017

82 participants, 17 équipes formées autour d’autant de projets – voir leur petite description plus bas dans l’article. Tel est le “score” du hackathon Citizens of Wallonia, deuxième du nom, qui s’est déroulé le week-end dernier à Mons. Pour rappel, ses organisateurs avaient choisi trois thèmes autour desquels les participants étaient invités à développer des projets de solutions ou d’applis. A savoir: la recherche d’emploi, l’interaction — ou participation — citoyenne et la mobilité, qu’elle soit urbaine ou territoriale. A l’évidence, c’est le premier thème qui a le plus inspiré…

Des idées classiques ou plus novatrices

Comme toujours dans ce genre d’événement, surtout lorsque l’on autorise autant de projets à phosphorer le temps d’un week-end, la qualité et le degré d’imagination des projets furent variables. Toutefois, certaines équipes ont su faire preuve d’originalité – sans doute plus dans l’idée que dans le modèle à y appliquer. Mais il est vrai que le “format” d’un week-end permet difficilement de pousser les raisonnements plus loin, même si, cette fois, tous les participants ont été invités à s’inspirer du Business Model Canvas…

Parmi ces idées originales, nous en épinglons trois que nous présentons ci-dessous. Mais rassurez-vous, nous passons aussi en revue, de manière plus succincte, les 14 autres projets…

Eko, projet qui a remporté le Prix citoyen, propose la création d’une monnaie locale virtuelle, numérique (chargée sur un smartphone, par exemple), dont la valeur change en fonction du lieu où on l’utilise. Son but: favoriser le commerce et les achats locaux, auprès des acteurs et producteurs de proximité. Et ce, en dévaluant automatiquement la devise virtuelle (merci la géoloc’ !) à mesure que la transaction s’éloigne du lieu de résidence de son détenteur. S’y ajoute une dépréciation à la revente ou, plus exactement, lors de la conversion en euros.

Petit exemple: un eko acheté un euro aura une valeur monnayable de 1,50 euro mais ne vaudra plus que 50 cents lors de sa revente. Cet eko qui vaut 1,50 euro pour un achat local risque de perdre des plumes et de ne plus valoir qu’un euro ou moins encore si l’achat se fait à 20 ou 40 kilomètres de distance. L’argent ainsi “brûlé” n’est toutefois pas perdu pour tout le monde: il est stocké virtuellement et vient alimenter une coopérative. La cagnotte, augmentée des commissions prélevées auprès des marchands lors des transactions, est destinée à servir de “bourse citoyenne bio” et à être allouée à des projets “éthiques”.

Un mécanisme plutôt particulier que son idéateur explique comme suit: “l’idée est de responsabiliser les citoyens par rapport aux flux d’argent. Plus il dépensera bien, plus ses Eko auront de la valeur.” L’appli permet en effet de suivre à la trace les transactions et usages qui sont fait des Eko. Le projet pourrait être poursuivi, l’espoir étant d’en faire une solution blockchain.

Share Watt. Ce projet, porté par une équipe d’étudiants de l’UNamur, a remporté le Prix Data Driven Innovation en raison de son potentiel à utiliser des jeux open data de manière intensive. L’idée? Revendre le surplus d’énergie produite par les panneaux photovoltaïques des particuliers en la destinant à des bornes de recharge pour voitures électriques, installées près des habitations. L’appli serait utilisable à la fois par les conducteurs (identification des emplacements des bornes, réservation, informations sur le type de prise, le prix demandé, l’itinéraire à suivre pour les trouver…) et les propriétaires (affichage de la quantité de courant disponible, du tarif, des périodes de recharge autorisées…).

En déployant ainsi des bornes à proximité des panneaux solaires installés en toiture [qui ne donnent plus guère droit à des certificats verts], il deviendrait possible de rentabiliser les investissements mais aussi “de permettre un déploiement plus rapide des voitures électriques, en permettant aux conducteurs de parcourir de plus grandes distances”, en voguant de borne en borne…

L’équipe imagine aussi que la société à créer pourrait procurer des conseils automatisés, avec calcul de prix jugés acceptables en fonction du taux de production d’énergie, de la période, des caractéristiques de chaque région. “En s’appuyant sur les open data et en développant des algorithmes, il devient possible d’évaluer plus précisément le coût au watt, en fonction notamment de données de mobilité, d’intensité du trafic… Avec possibilité également de contribuer à résoudre les problèmes de congestion routière. Toute augmentation de la demande se traduira potentiellement par des prix plus élevés, ce qui modèrera les déplacements et évitera les pics de circulation…” En théorie.

Mon Budget CitoyenLe projet a décroché le Prix du public. Il s’agit d’une plate-forme Internet via laquelle, sous forme de points, chaque citoyen dispose d’un “budget” à investir dans des projets proposés par la commune ou la ville.

Pour peser sur les décisions, chaque citoyen pourra allouer son stock de points mais n’aura un réel impact que s’il convainc d’autres citoyens de miser avec lui sur le même cheval. Plus un projet récolte de points (et de budget citoyen virtuel), plus il grimpera dans la liste des priorités communes.

“C’est une manière de favoriser la participation de chacun sans le contraindre à s’impliquer au travers de lourdes et contraignantes réunions” et autres palabres ou analyses de rapports…

Les lauréats

– Premier Prix : VR Citizens

– Prix du Projet citoyen : Eko

– Prix spécial du jury : Mon e-Permis

– Prix du public : Mon Budget Citoyen

– Prix Multitel : Waar is da feestje?

Les 17 projets, regroupés par thème

Interaction et vie citoyenne
  • Eko: appli servant de monnaie virtuelle favorisant des comportements de consommation locale. (Voir plus haut)
  • Mon Budget CitoyenUne plate-forme Internet via laquelle, sous forme de points, chaque citoyen dispose d’un “budget” à investir sur des projets citoyens. (Voir plus haut)

     

    Hacktizen: une appli, imaginée en mode navigation thématique, qui permet de récolter, d’organiser et de regrouper les demandes et attentes des citoyens par thème et de faire ainsi “repérer” ces besoins plus aisément par les pouvoirs publics locaux. Que ce soit ces derniers ou le citoyen lambda, l’interface permet de naviguer de pôle thématique en pôle thématique, de découvrir les idées, propositions, critiques, attentes, de consulter les pages projet et les coordonnées des personnes qui en sont à l’origine. Ou encore de recruter et d’attirer d’autres citoyens autour d’idées encore brutes pour les muer en communauté ou mini-groupe de pression. L’équipe imagine un modèle freemium, avec certaines fonctionnalités payantes, telles qu’un outil de création et gestion de projets qui pourrait par exemple être utilisé par des associations ou organisations, à orientation culturelle, citoyenne…

  • Mon e-Permis. Le projet s’est vu décerner le Prix du jury. L’ambition, ici, est de rendre les démarches administratives de demande de permis d’urbanisme (construction) plus rapides et, surtout, plus efficaces afin d’éviter les refus de dossier qui, actuellement, ne sont signifiés qu’en bout de course, lorsqu’une bonne dose d’efforts et de travail a été effectuée en pure perte. L’application imaginée vise à mettre davantage en adéquation les choix et volontés du futur propriétaire avec les réglementations urbanistiques locales. Pour ce faire, l’équipe de Mon e-Permis imagine d’inclure le contexte légal au tout début de la recherche d’un bien (par exemple, un terrain où bâtir la future maison). Pour ce faire, un bot pourrait entrer en oeuvre au sein d’un portail de recherche immobilière, du genre Immoweb. En fonction du type de projet visé, le bot irait rechercher dans les documents et la législation tous les éléments permettant de définir des plans qui soient en adéquation. “Pour se présenter, dès le départ, à la commune avec un dossier complet qui ait plus de chances d’être accepté.” L’équipe disait vouloir pousser plus loin l’expérience et, en s’appuyant sur des sources open data (cartographie, réglementation) relayées ou mises à disposition via par le portail Digital Wallonia et IMIO), se mettre en quête d’une commune qui pourrait faire office de terrain d’expérimentation, grandeur nature. La solution pourrait s’intégrer à des solutions de gestion immobilière existantes ou prendre la forme d’une plate-forme spécifique.
  • VR Citizens. L’urbanisme et l’architecture sont également le fil rouge de ce projet, qui a décroché le Premier prix du hackathon, ce qui vaudra à deux membres de l’équipe d’aller présenter le concept au prochain Smart Cities World Congress de Barcelone. Le projet fait appel à la réalité virtuelle ou augmentée (via casque VR ou simple smartphone si on réduit l’expérience à du 360°) pour permettre à tout citoyen d’être impliqué, à titre consultatif, dans les projets d’aménagement dans sa ville. “Que ce soit dans son salon ou dans les locaux du service communal, la population pourra être sollicitée pour donner son avis et exprimer ses préférences sur divers projets d’urbanisme. Il pourra visualiser les différents projets, se mouvoir virtuellement à proximité ou à l’intérieur, visualiser l’effet architectural dans diverses conditions météorologiques…” Par simple fixation de son regard, il pourra octroyer le nombre d’étoiles (ou de votes) qu’il veut à chaque projet et même y ajouter des commentaires vocaux qui seront automatiquement transposés (via reconnaissance vocale) dans la base de données du projet.
  • LoWiFi: un hotspot miniaturisé mobile que les municipalités peuvent installer à divers endroits de leur territoire dans le but spécifique de récolter “à chaud” les réactions, idées, commentaires des citoyens ou simples passants sur l’endroit concerné. Par exemple, dans un parc qui aurait besoin d’un aménagement, une voirie à améliorer, un quartier à redynamiser… “Une manière de permettre aux citoyens de mieux participer aux décisions politiques et de restaurer dialogue et confiance entre le pouvoir local et le citoyen.” Avec, en coulisses, un outil d’analyse pour les responsables locaux leur permettant de structurer les demandes, de visualiser les taux de commentaires, voire même les profils (sociaux?) des citoyens participatifs…
  • Waar is da feestje? (ou Crowder, les deux noms se disputaient les faveurs de l’équipe). Une appli qui permet de savoir à quel endroit du territoire d’une entité municipale se concentrent un grand nombre de personnes. Soit parce qu’il y a une fête, un événement ou… autre scénario, parce qu’un attroupement est en train de se former. L’appli se nourrit potentiellement de données (anonymisées) provenant de multiples sources (réseaux sociaux, Eventbrite, FourSquare, Yelp, Waze, MeetUp…). Le but premier imaginé est le repérage de petites et grandes fêtes. Les données collectées et analysées pour détecter le lieu où se déroule l’événement peuvent aussi être exploitées par les autorités pour optimiser, à plus long terme, l’agencement urbain. Sans parler d’une utilisation beaucoup plus immédiate pour le maintien de l’ordre… Ce projet s’est vu décerner le Prix Multitel qui récompensait un projet ayant un impact sur les villes.
  • BIP2: une solution de signalement d’incidents dans le domaine public (harcèlements, accidents, vitre brisée…). Chaque citoyen pourrait signaler (en différé, en temps réel ou en “extrême urgence”) ce genre d’incidents. Les informations seraient consolidées dans une base de données mise à disposition de divers acteurs (moyennant abonnement). Les autorités d’une ville, par exemple, pourraient s’en servir pour mieux comprendre les zones à risque, aménager les quartiers…
  • Bio-Voyage: une plate-forme et appli pour rechercher et réserver des denrées et produits bio dans un rayon restreint (par géolocalisation), avec possibilité pour les clients et les commerçants ou producteurs de converser directement via l’appli, Skype ou Messenger.
  • Meet & Eat: une appli pour recréer un dialogue spontané entre citoyens en s’appuyant sur le langage universel de… la gastronomie. L’idée? Une appli qui permet aux restaurateurs d’offrir des avantages et bons de réduction à des hôtes, à condition que ceux-ci se présentent pour venir partager une table avec… de parfaits inconnus. “Pour forcer la mise en relation.”
  • WikiCitoyen. Projet d’extraction et de collecte de données sur les réunions des conseils communaux ou parlements régionaux et leur ordre du jour, avec mise à disposition de ces informations au simple citoyen, en amont des réunions. Objectif: permettre au citoyen ayant la volonté de participer aux décisions de prendre connaissance des projets en amont et de soumettre ses propres avis ou propositions avant la réunion ou session. Le Wiki permettrait aussi à chacun d’être alerté automatiquement lorsque des sujets qui lui sont chers sont abordés.
Mobilité
  • Share My SpotLe projet s’inspire des problèmes de mobilité et de manque de places de parking en milieu urbain pour proposer une solution qui allie location d’espaces privés à horaires déterminés (en face de portes de garage, par exemple) et mise à disposition de bornes de recharge en libre service pour voitures électriques.
  • Share Watt. Projet de mise à disposition du surplus d’électricité des particuliers via des bornes de recharge pour véhicules électriques. (Voir plus haut)
Recherche d’emploi
  • Art & Job: un portail de recherche d’emploi pour artistes et recruteurs d’artistes (de tous types). Outre la monétisation du service au travers de 4 plans tarifaires, l’équipe imaginait de rentabiliser la plate-forme en aménageant un éventuel volet où seraient vendues des oeuvres. Autres fonctions futures éventuelles: un assistant virtuel (bot) qui se chargerait des recherches dans les textes de loi, conditions générales… afin d’aider les chercheurs d’emploi à répondre à quelques questions administratives essentielles.
  • Formatech: une solution de recherche d’emploi qui procède par classification des données, avec arbre de décision pour guider le choix du demandeur d’emploi. Par le biais de questionnaires, l’appli, disponible sur mobile, collecte des informations non seulement sur les compétences “officielles” (diplômes, études suivies) mais aussi sur des skills (en ce compris des soft skills) et préférences personnelles afin de faire émerger des orientations possibles parfois insoupçonnées. Pour ce faire, l’équipe proposait de faire appel à l’intelligence artificielle de la solution Watson d’IBM et à des mécanismes de pondération.
  • Work Wide Web: recherche d’emploi encore, cette fois au travers d’une appli qui a un petit côté couteau suisse. L’équipe a imaginé (sur papier, en tout cas), une appli qui combine 4 types de fonctionnalités (ou finalités): création d’un profil personnel (avec qualifications, compétences, connaissances…); une to do listservant d’aide pour aiguiller le chercheur d’emploi à travers les diverses étapes d’une recherche (rédaction d’un CV, respect d’un agenda de recherche d’emploi, suivi des rendez-vous…); une fonction recherche d’emploi filtrée via le profil, sur base d’informations venant de divers sites ou moteurs de recherche; et un suivi des dossiers (nombre de CV envoyés, de demandes de rendez-vous, de demandes rejetées ou acceptées…).
  • LevelUpplate-forme Web de mise en relation entre jobistes ou stagiaires et entreprises, avec un espace où ces dernières peuvent poster leur évaluation des jeunes. Ces derniers peuvent quant à eux se prévaloir de ces compétences glanées au fil des jobs pour renforcer leur CV et leur attractivité aux yeux des employeurs.

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