Les intercommunales: relais d’activation open data des communes?

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Article publié par Regional-IT – © – 8 mars 2021 – Auteur Brigitte Doucet

 

Deux intercommunales – Igretec et Idea – ont participé, en 2020 et début 2021, au programme de formation et de sensibilisation de FuturoCité consacré à l’open data au service du développement territorial et des services au citoyen. Qu’étaient-elles venues y chercher? Qu’en ont-elles retiré et quelles sont leurs intentions futures en matière d’open data?

Pourquoi avoir participé à cette formation et également à la phase de mise en pratique, sous la forme de la réalisation d’un prototype de projet ou d’appli?

Pour les deux intercommunales, l’open data était dans une certaine mesure un “outil” à explorer dans le cadre de leur mission de “référent opérationnel Smart Region” dans le contexte de la stratégie Digital Wallonia. A ce titre, elles ont un rôle de veilleur, d’instigateur et d’accompagnateur pour les communes relevant de leur territoire.

“Le programme de FuturoCité était dès lors intéressant pour notre propre réflexion par rapport aux données. Il était important pour nous de nous familiariser davantage avec la philosophie de l’open data, les bonnes pratiques et la mise en place de projets open data”, explique Matthieu Jottrand, gestionnaire de projets numériques chez Idea (section Aménagement du territoire).

“Au-delà de pouvoir accompagner les communes de notre territoire dans la mise en place d’une première démarche d’ouverture de leurs données, le programme nous a permis de créer un contact supplémentaire avec les communes issues de Charleroi Métropole et de mieux appréhender leurs besoins et contraintes”, déclare pour sa part Marine Keresztes, chargée de projet Smart Territoire chez Igretec (direction Développement économique, territorial et stratégique).

“Avec la Ville de Charleroi, nous avons identifié plusieurs axes structurants essentiels à la mise en œuvre efficace d’une politique de la donnée. Premièrement, définir une stratégie de centralisation. Ensuite, dresser un état des lieux précis des informations existantes et localiser leur emplacement en interne. Cette vision claire permet alors la mise en place d’un partage efficient des données et une meilleure coordination des utilisateurs.”

Les projets imaginés

Dans le cadre du hackathon qui clôturait le programme de formation de FuturoCité, les deux intercommunales ont pointé une thématique sur laquelle elles désiraient mettre davantage l’accent.

Pour Igretec et Charleroi Métropole, il s’agissait de réaliser une cartographie et un outil de dynamisation des services en tous genres existant sur le territoire (commerces, associations, acteurs de services au citoyen…).

“Nous avons déposé un projet commun de “Carte solidaire” avec la Ville de Charleroi. En créant cette carte des services présents au cœur de la région, nous avons pu mesurer que les données produites en interne peuvent constituer un terreau fertile à de nombreuses applications, dans le respect notamment du RGPD. Et surtout créer de formidables applicatifs au service de la population, sans pour autant requérir des connaissances techniques pointues au sein des administrations.”

La solution, baptisée Cart’Olos, a pour but de créer une base de données centralisée, fédérant des informations souvent parcellaires, dispersées dans de multiples fichiers et bases de données, et qui puisse être tenue à jour de manière participative par les services ou acteurs locaux concernés.

Outre une meilleure connaissance et visibilité pour les services existants, dans différents registres, ce genre de solution peut également avoir une utilité urbanistique non négligeable – par exemple pour l’analyse d’implantations potentielles…

Pour Idea, la thématique choisie était celle de la mobilité multi-modale éco-responsable, spécifiquement appliquée aux parcs d’activité économique. “Le but initial était de voir si cela pouvait déboucher sur des idées et outils intéressants, avec, comme public-cible, soit les utilisateurs du réseau, soit les acteurs ou organisateurs de la mobilité.

Mobility as a Service pour désengorger les parcs d’activité économique. Idea a évalué l’idée lors du hackathon Hack your City de FuturoCité. Illu: l’appli SMAP imaginée, dans un autre contexte, par le consortium TEC, STIB, SNCB, NextMoov

En ce sens, le prototype d’application développé par l’équipe laisse apercevoir des pistes de réponses – d’une part, en termes de réutilisation de données ouvertes et, d’autre part, par l’apport d’un aspect participatif et de gamification assez original.”

L’équipe qui a participé au hackathon avait baptisé son application “FanToMaas”, nom ludique voulant désigner sa triple orientation Mobilité – Participation – Service SaaS. L’espoir, via cette appli Web, est en effet de “stimuler une communauté de “fans” du MaaS – Mobility as a Service – afin de diminuer le trafic de voitures dans et aux alentours des parcs d’activité économique. Et ce, au bénéfice de modes de mobilité douce.”

L’appli qui pourrait voir le jour [le conditionnel est encore de rigueur dans la mesure où aucune décision de poursuivre le développement n’a encore été prise, même si “le projet représente un réel intérêt”] permettrait sur base de différents critères (durée et coût de trajet, empreinte environnementale, ressenti personnel vis-à-vis des modes d’alter-mobilité) de proposer des itinéraires personnalisés.

Telle qu’imaginée lors du hackathon, l’appli permettrait de simuler des parcours, d’en assurer le suivi – avec collecte d’informations et de statistiques. Le tout agrémenté d’une touche de gamification pour en encourager l’utilisation: les utilisateurs pourraient par exemple se lancer des défis ou défier les autres utilisateurs en se fixant des objectifs pour agir sur les différents critères déjà cités – temps, coût de parcours, empreinte environnementale…

Maintenant que le processus open data est engagé…

… quelle suite les deux intercommunales comptent-elles lui donner, que ce soit en termes d’utilisation plus large de leurs jeux de données dans le cadre de leurs propres missions ou au service des communes de leurs territoire ou, de manière plus large, de “politique open data”?

“Nous nous tenons à la disposition de la ville de Charleroi ainsi que des 28 autres communes de Charleroi Métropole pour les accompagner dans la mise en place de leur politique open data à court, moyen et long terme de même que pour leur stratégie numérique”, indique Marine Keresztes.

Dans le cadre du hackathon, que ce soit du côté d’Igretec ou d’Idea, le type de données mises à disposition s’est limité aux informations concernant les parcs d’activités économiques de leur territoire (avec informations géographiques et localisation, type et nature d’activités, nombre d’entreprises et de travailleurs…).

La formation et l’exercice de création qu’a permis le hackathon les ont-ils incitées à poursuivre dans le sens d’une ouverture plus généreuse de leurs données? “Il serait certainement intéressant d’étoffer nos jeux de données dans le but d’apporter d’autres éléments plus pertinents encore et permettant d’agir dans le bon sens”, affirme Matthieu Jottrand. “Nous avons en tout cas la volonté de maintenir ce jeu de données [PAE] pertinent et ouvert. En ce qui concerne l’ouverture d’autres jeux de données, une réflexion devrait être menée prochainement au sein de l’intercommunale.”

 

Matthieu Jottrand (Idea): “Une réflexion devrait être menée prochainement au sein de l’intercommunale afin d’étudier l’opportunité d’ouvrir de nouveaux jeux de données.”

 

Igretec, elle aussi, promet de continuer à mettre le jeu de données sur les parcs d’activités économiques de la région de Charleroi librement à disposition. “D’autant plus que notre intercommunale participe à l’appel à projets “Territoire intelligent” [Digital Wallonia]. Dans ce cadre nous avons développé la cartographie dynamique du territoire de Charleroi Métropole en deux volets dédiés aux chantiers, à la mobilité et aux parcs d’activité économiques.

Le projet prévoit une partie dédiée aux développements de futurs applicatifs via plusieurs processus d’exportation en open data de l’information recensée. Il s’agit également d’offrir à tous la possibilité de consommer l’information actualisée et personnalisée au moyen d’une tuile sur l’application Wallonie en poche.

A l’avenir, on pourrait imaginer étendre cette cartographie à un territoire plus large et à d’autres domaines d’action.”

Quid d’une réelle stratégie et action open data?

Les deux intercommunales disent vouloir continuer leur travail de sensibilisation et d’accompagnement des pouvoirs locaux en matière d’open data. “Nous ne manquerons certainement pas d’effectuer le relais des informations et formations de FuturoCité au niveau des villes et communes du territoire et d’assurer un soutien méthodologique aux administrations qui en auraient besoin”, promet Matthieu Jottrand.

“Dans le cadre de notre mission d’accompagnement des communes, il nous semble intéressant d’essayer d’insuffler une dynamique supra-communale sur l’identification des jeux de données à publier mais également sur l’uniformisation de ces jeux de données.

Les communes possèdent beaucoup de données, les applications et les réutilisations possibles ne s’arrêtent généralement pas aux frontières de la commune. Il nous semble important d’avoir une réflexion au-delà des frontières communales sur l’identification, la priorisation et l’uniformisation des jeux de données souhaitées, dans un but notamment d’interopérabilité et de réplicabilité des usages.”

 

Marine Keresztes (Igretec): “Nous souhaitons pouvoir continuer à travailler de concert et de manière complémentaire avec Futurocité, à la fois dans la sensibilisation et l’accompagnement des pouvoirs locaux.”

 

Aux yeux de Marine Keresztes (Igretec), la nécessité de venir en soutien aux communes apparaît également pleinement: “En tant qu’acteur impliqué dans la stratégie Smart Région et ses projets innovants, nous connaissons l’importance de disposer d’une information juste, à jour et complète telle que l’open data le suppose.

Le programme de FuturoCité a mis davantage en lumière le fait que l’open data est souvent perçu comme étant titanesque à mettre en place et ce, quelle que soit la taille des structures concernées. Ce constat renforce la volonté d’Igretec de proposer un accompagnement méthodologique en la matière aux communes qui seraient désireuses de tenter l’aventure.”

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