Smart Governance: comment mieux interagir avec les citoyens?

Villes et communes intelligentes, territoire connecté, smart region. Autant de termes de plus en plus présents, qui sous-entendent une évolution, transformation ou transition vers un environnement renouvelé, rendu plus efficient et pertinent pour tous ses acteurs.

Certes les définitions d’une “smart city” ou d’un “smart territory” varient. Celle qui est privilégie en Wallonie est celle retenue par le Smart City Institute, centre d’expertise de HEC Liège. A savoir :

“un écosystème de parties prenantes (gouvernement local, citoyens, associations, entreprises multinationales et locales, universités, centres de recherche, institutions internationales, etc.) engagé dans un processus de transition durable (vision stratégique et/ou projets innovants concrets), sur un territoire donné (urbain ou plus large), en utilisant les nouvelles technologies (numériques notamment) comme facilitateur, pour atteindre ces objectifs de durabilité (développement économique, bien-être social et respect environnemental).”

Si les définitions varient, tous les angles d’attaque et perspectives proposés présentent un point commun fondamental : s’il n’y avait cette “ressource” et cette finalité essentielle qu’est le citoyen ou l’usager, de tous ces “smart-quelque-chose” n’auraient pas de sens ou de pertinence.

Voilà pourquoi, FuturoCité, en collaboration avec l’Agence du Numérique et de Digital Wallonia (1), avait choisi le thème de la “gouvernance” et de l’interaction avec le citoyen comme thème de son séminaire.

Les enjeux

 S’il y a eu un jour nécessité d’imaginer le concept de “smart”, de se projeter vers un avenir où les notions de durabilité, de stratégie territoriale responsable, d’implication et de co-action prennent une nouvelle dimension, c’est en raison des multiples défis auxquels font face nos espaces de vie – qu’ils soient à finalité privée, publique, professionnelle, industrielle, récréative ou autre.

Nicolas Installé, directeur de FuturoCité, rappelait ces enjeux en guise d’introduction de la journée : urbanisation exponentielle, modifications démographiques (flux aléatoires motivés par divers facteurs, vieillissement…), problèmes de mobilité, de qualité ou pérennité environnementale, d’instabilité climatique, de santé, de continuité et qualité des circuits alimentaires, de sécurité (physique, sociétale, cyber-menaces) …

L’urgence quotidienne des villes et territoires est de se donner le plus possible les moyens de faire face et, si possible, d’anticiper ces défis. Se pose dès lors la question de la compréhension des phénomènes qui se préparent ou se manifestent déjà mais aussi celle du dialogue avec les différentes parties prenantes dont parle la définition du Smart City Institute. Ces parties prenantes ont, elles-mêmes, des priorités, des préoccupations, mais aussi des attentes et des “comportements” différents.

L’une de ses “parties prenantes” est bien évidemment le citoyen.

Trop souvent, rappelait Nicolas Installé, une déconnexion s’est instaurée entre la “cité” et le citoyen. Manque de dialogue, décisions prises sans concertation ou sans prise en compte des intérêts du citoyen, évolution dans deux bulles qui ne se parlent pas et qui semblent entraînées dans des espaces-temps désynchronisés. L’appropriation de la révolution numérique en est un exemple éloquent : “le citoyen est bien souvent “branché” alors que le processus est bien plus lent du côté des communes, des administrations…”

Si la technologie n’est pas le seul déterminant, le seul outil de la “smart city” – comme de nombreux intervenants de la journée allaient l’expliquer et le démontrer -, elle n’en est pas moins l’une des composantes à ne pas négliger, un levier d’action et de dialogue “intelligent” entre cité et citoyen.

Une ville intelligente, c’est… des prises de décisions mieux éclairées et davantage co-construites, des services publics plus transparents et qualitatifs, des ressources mieux exploitées et réutilisées, une gestion plus durable des énergies, une connectivité omniprésente et bien dimensionnée, des modes de mobilité intégrés et éco-responsables …  Liste non exhaustive et dont les différents éléments peuvent / doivent se marier selon un ordre et un agencement qui dépendront de chaque territoire.

Le séminaire a par ailleurs été organisé avec le support de Belfius, Letsgocity, Votick, Betterstreet, Citizenlab, Fidecity et Flui.city.

« Smart gouvernance ». Une définition

Thème central du séminaire, la “smart gouvernance” nécessite, elle aussi, une définition préalable.

Le concept de gouvernance fait allusion à l’art de “bien gouverner”. Il désigne un “ensemble de mesures, de règles, d’organes de décision, d’information et de surveillance qui permettent d’assurer le bon fonctionnement et le contrôle d’un Etat, d’une institution ou d’une organisation, qu’elle soit publique ou privée, régionale, nationale ou internationale.”

Mais la “smart gouvernance” telle qu’on l’entend dans un contexte de “smart city / smart territory” inclut aussi une dimension, souvent oubliée par le passé, de ré-ouverture vers de nouveaux “lieux” et acteurs de la réflexion, de la prise de décision et de l’évaluation, ainsi que la mise en œuvre de nouveaux modes de pilotage ou de régulation, qui sont plus participatifs, égalitaires, éthiques et souples.

“Les projets doivent nécessairement répondre aux besoins des destinataires de ces projets et services”, rappelait Nicolas Installé. Et pour cela, il est impossible de négliger ou de faire l’impasse sur le dialogue, “l’interaction avec la société civile, les entreprises, les indépendants, les start-ups… Il s’agit de remettre le citoyen au coeur du fonctionnement de la cité.”

Pour ce faire, soulignait-il encore, il faut construire une communication efficace, multiplier les canaux (forums, plates-formes, réseaux sociaux, chatbots…) afin de n’exclure personne, en avoir une connaissance suffisante pour les utiliser à bon escient. Il faut être davantage à l’écoute des besoins exprimés, encourager la participation citoyenne pour co-construire les décisions, mettre les données des instances publiques à disposition (selon le principe des open data) – ce qui procurera non seulement de la matière au dialogue et à la participation aux décisions mais qui ouvrira également la voie à la (co-)conception de nouveaux services.

Autre bonne pratique à inclure dans la démarche : la cohérence, la transversalité, la construction d’une stratégie à long terme. Tous éléments qui encouragent villes, communes et territoires à repenser leurs principes de décision collégiale, la “culture” de leurs propres mandataires, et à trouver le “mouton à 5 pattes” qui pourra gérer ou coordonner le tout, qu’on le désigne sous l’appellation de Smart City Manager ou tout autre statut apparenté.

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