Qualité de l’air dans les bâtiments publics

Contexte et solution

Pour quelles raisons FuturoCité déploie ce projet ?

Nous avons constaté qu’il était utile de sensibiliser les institutions publiques à la gestion de la qualité de l’air en vue d’intégrer la démarche européenne en la matière.

Afin d’atteindre le niveau minimal de qualité de l’air préconisé par l’Europe (voir ci-dessous), il y a deux manières d’agir : modifier l’enveloppe des bâtiments (redimensionner la ventilation, les conduits d’aération, …) ou changer les comportements (aérer les locaux). FuturoCité a toujours préconisé cette seconde option beaucoup moins onéreuse.

Par ailleurs, dans le cadre de notre projet « Cadastre énergétique », nous avons entamé un partenariat avec la société Thingsplay. Ce partenariat a mis en évidence la puissance des objets connectés, l’accès aux technologies à des prix raisonnables, la facilité d’installation et d’utilisation de capteurs permettant de mesurer un grand nombre de paramètres : températures, présence, humidité, courant électrique, écrans digitaux, …   Ces outils de mesure peu onéreux nous permettent de mesurer simplement et à bas coût la qualité de l’air d’un bâtiment et d’en informer ses occupants afin qu’ils puissent adapter leur comportement.

Quel rôle joue la qualité de l’air dans un bâtiment ?

La qualité de l’air dans les bâtiments publics joue un rôle essentiel dans la productivité et le bien-être de ses occupants. Si la ventilation d’un local est insuffisante, l’air devient rapidement pollué. Or, un air vicié provoque une fatigue prématurée, une concentration en baisse, un risque de contamination des microbes accrus, …

CO2 productivite - insatisfaction

L’étude « Associations of cognitive function scores with carbon dioxide, ventilation, and volatile organic compound exposures in office workers », réalisée en novembre 2014 par des chercheurs de l’université Harvard à Cambridge aux USA, révèle que l’augmentation du taux de CO2 dans un local a un impact négatif significatif sur les performances cognitives et les prises de décisions des occupants. Cette étude a été réalisée sur 24 personnes de professions intellectuelles et créatives, dans un bureau « standard » pendant 6 jours. 3 taux de CO2 ont été contrôlés : 600 ppm (parties par million), 1000 ppm et 2500 ppm CO2.

Impact-of-CO2-on-Human-Decision-Making-Performance

9 critères d’activités cognitives ont été évalués : activité basique, activité appliquée, recherche et utilisation d’informations, réponse en condition de crise, prise d’initiatives, stratégie et planification, … La performance des sujets a baissé significativement pour la majorité des types d’activité lorsque le niveau de CO2 dépasse 1000 ppm. Lorsque les niveaux de CO2 atteignent les 2500 ppm, l’impact sur les performances est encore plus marqué. Les baisses de performances les plus spectaculaires ont été observées lorsque les sujets doivent prendre des initiatives ou mettre en place des stratégies et effectuer de la planification.

Comment évaluer la qualité de l’air dans un bâtiment public ?

Nous avons fait le choix de mesurer le taux de COdans l’air. Pourtant, l’air intérieur se compose d’un ensemble de différents polluants : CO2, substances chimiques, allergènes, microbes, micro-organismes, matières odorantes, émissions des imprimantes et photocopieurs, …) provenant de différentes sources. Il n’est pas possible de mesurer et d’analyser simplement tous ces composants. Toutefois, mesurer le taux de CO2 dans l’air permet d’obtenir une bonne idée de la pollution de l’air due aux occupants (odeur corporelle, vapeur d’eau, émanations biologiques, …).

Existe-t-il des normes relatives à la qualité de l’air ?

Plusieurs normes étrangères définissent des exigences en matière de ventilation en spécifiant le niveau maximal admissible de CO2. En Belgique, les exigences de la réglementation PEB concernant la ventilation dans le non résidentiel se réfèrent à la norme européenne NBN EN 13779 (datant de 2007) : « Ventilation dans les bâtiments non résidentiels – Exigences de performances pour les systèmes de ventilation et de conditionnement d’air ». Elle fournit un indicateur de qualité de l’air basé sur le taux de CO2. Voici la classification introduite par cette norme.

Norme européenne NBN EN 13 779
Catégorie de qualité d’air Taux de  CO2 maximum Valeur par défaut
Excellente qualité (INT 1) < 400 (ppm) 350 (ppm)
Qualité moyenne (INT 2) 400 à 600 (ppm) 500 (ppm)
Qualité modérée (INT 3) 600 à 1000 (ppm) 800 (ppm)
Faible qualité mais acceptable (INT 4) > 1000  (ppm) 1200 (ppm)

La réglementation PEB exige une qualité de l’air au minimum « modérée ». Le taux de CO2 ne doit donc pas dépasser 1000 ppm.

Quel est le rôle de l’humidité dans les bâtiments ?

Un taux d’humidité élevé dans les bâtiments favorise la prolifération des moisissures, des bactéries, … Les effets sur la santé se portent principalement sur les voies respiratoires. Un taux élevé peut également être responsable d’une augmentation de la facture de chauffage, en effet il faut chauffer l’eau présente sous forme d’humidité en plus de l’air dans les pièces.

A l’inverse, un taux d’humidité trop bas peut provoquer des difficultés respiratoires, des irritations du nez et de la gorge, peaux et lèvres gercées.

Les raisons d’un taux d’humidité trop haut sont diverses : condensation, fuites, manque d’aération, … Une ventilation insuffisante peut augmenter le niveau d’humidité dans l’air.

Quel est le rôle de la température dans les bâtiments ?

Graphique confort thermique

Source : http://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=10250

La température d’une pièce influence également le confort de ses occupants. Le graphique ci-dessous représente le pourcentage prévisible d’insatisfaits (PPD) sur base de la température intérieure pour des occupants au repos en position assise et pour des occupants ayant un travail de bureau.

Quelle solution est proposée ?

Logo qualitedelair2.1

Afin de sensibiliser les usagers et responsables des bâtiments publics à la gestion de la qualité de l’air, nous mettons en place, en partenariat avec Thingsplay, un outil de mesure de la qualité de l’air.

Concrètement, des boitiers, alimentés sur secteur, munis chacun d’un capteur de CO2, d’un capteur de température et d’un capteur d’humidité, sont installés dans une série de locaux publics (bureaux, salles de réunions, …).  Dans chaque local où la qualité de l’air est analysé, un boitier devra être installé dans un endroit central de la pièce à environ un mètre du sol et posé ni trop près d’une fenêtre, d’une porte afin de ne pas être dans les courants d’air, ni trop près (minimum 2 mètres) d’individus afin de ne pas être influencé par la chaleur humaine.

Boitier équipé d'un capteur CO2

Grâce à ces capteurs, nous mesurons en permanence :

  • le volume de CO2 (en ppm)
  • la température (en °C)
  • le taux d’humidité (en %)

Ces boitiers envoient les mesures prises via Wi-Fi à une application qui enregistre et formate ces valeurs. Ces mesures sont alors publiées de manières anonymes en temps réel sur une carte de la Wallonie.

BannièreQualiteAir

Notre but est de déployer une centaine de capteurs partout en Wallonie et ainsi de conscientiser les responsables de bâtiments à la problématique de l’énergie et de la qualité de vie.

Comment accéder à cette cartographie de la qualité de l’air des bâtiments publics wallons ?

Il vous suffit de scanner le QRCode suivant

ou de cliquer ici

Quelles recommandations peut-on tirer des mesures effectuées ?

Comme imposé par la réglementation PEB, le taux de CO2 ne doit donc pas dépasser 1000 ppm. Lorsque notre capteur de CO2 mesure une valeur supérieure à 1000 ppm, nous vous conseillons d’ouvrir une fenêtre pendant quelques instants (ou éventuellement d’allumer/augmenter la ventilation). Le schéma illustre qu’en seulement une ou deux minutes, le taux de CO2 baissera radicalement. Le taux de composés organiques volatils produits par la respiration humaine et la transpiration chute également rapidement.

bio-2000-air-quality-voc-co2-pic5

Source : http://www.ventilationcontrolproducts.net/air-quality-voc-co2-t-sensor-bio-2000-room ; VOC = Composé organique volatil (COV)

Pour un confort optimal, nous vous recommandons de maintenir l’humidité de vos locaux entre 40 et 65 %. Plus précisément, le schéma ci-dessous présente le taux d’humidité recommandé en fonction de la température de vos locaux.

ConfortThermiqueHumidite

  1. Zone à éviter vis-à-vis des problèmes de sécheresse
  2. et 3 : Zones à éviter vis-à-vis des développements de bactéries et de microchampignons.
  3. Zone à éviter vis-à-vis des développements d’acariens.
  4. Polygone de confort hygrothermique.

Source : http://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=10250#02

 

Accéder au compte-rendu final du projet.